An internship in Jerusalem

My 15 years old daughter followed me in Jerusalem in an internship for her Steiner Waldorf secondary school. She has written a story about her experience in Jerusalem and Bethlehem. (in French)

Olga au travail sur l'esplanade des mosquées, Jerusalem.
Olga au travail sur l'esplanade des mosquées, Jerusalem.

En avril 2019, j'ai eu la possibilité de suivre mon père, François Struzik, à Jérusalem pour en apprendre plus sur le métier de photographe. Pendant ces 6 jours sur place, j'ai découvert deux pays et une dizaine de cultures différentes. J'ai rencontré des personnes venant de partout dans le monde, j'ai pris connaissance d'un conflit qui rythme le quotidien des habitants et je peux affirmer que c'était une des expériences qui m'a fait le plus grandir humainement.

Via Dolorosa, Soeur suivant le chemins de croix.
Via Dolorosa, Soeur suivant le chemins de croix.

Pendant ces quelques jours, j'ai découvert la ville de Jérusalem, mais j'ai majoritairement suivi mon père dans sa réalisation du reportage sur la "Via Dolorosa", le chemin de croix, reliant la Porte des Lions (l'endroit où Jésus fut condamné à mort) et le Saint Sépulcre (tombeau et emplacement où Jésus fut crucifié). Etant sur les lieux lors de la semaine de Pâques, nous avons pu assister à un grand nombre de processions, et avons également pu voir les milliers de pèlerins venus du monde entier assister aux différents offices ou événements religieux.

Via Dolorosa, pèlerins suivant le chemins de croix.
Via Dolorosa, pèlerins suivant le chemins de croix.

Nous habitions dans une maison de pèlerins tenue par des soeurs liées au Secours Catholique, du côté de Jérusalem qui était autrefois Palestinien. Nous marchions jusqu'à la ville et arrivions dans l'enceinte vers 10h du matin. Ce que nous faisions durant la journée variait, mais nous étions majoritairement rythmés par la semaine Sainte. En effet, nous essayions d'assister au maximum d'évènements, peu importe l'origine de ceux-ci. J'ai eu la chance de visiter l'esplanade des Mosquées, le mur des Lamentations ainsi que le Saint Sépulcre. Nous nous sommes également rendus dans bien d'autres lieux, moins connus, mais tout aussi singuliers. Bien que j'apprenais doucement à connaitre la ville, j'avais toujours mon appareil photo en main, ou à portée de celle-ci pendant la totalité de mes journées. Le fait que j'ai pu avoir le temps de connaître la ville et, d'en quelque sorte, m'en "imprégner" était un atout que j'ai pu exploiter par la suite. Nous restions, la plupart du temps, dans la vieille ville, nous déplaçant entre les quartiers arménien, chrétien et musulman. Nous n'allions que très rarement dans le quartier juif ou la nouvelles ville. La vieille ville avait une ambiance "hors du temps" et c'était réellement intéressant de la parcourir et de trouver des sujets à photographier. 

Saint Sépulcre, pèlerins touchants la pierre où Jésus fut lavé.
Saint Sépulcre, pèlerins touchants la pierre où Jésus fut lavé.

J'aimerais mettre en avant la journée que nous avons passée à Bethlehem. Bien que la plupart des personnes souhaitant visiter l'église de la Nativité vont emprunter des services destinés aux touristes, nous avons décidé de nous y rendre dans un bus destiné aux Palestiniens pour passer par un check point. En effet, le mur de huit mètres de haut autour des territoires Palestinien n'offre que quelques accès (contrôlés par les Israéliens) pour se rendre dans la ville. Les magasins qui se disposaient autrefois de chaque coté de la route reliant Bethléem et Jérusalem sont pour la plupart abandonnés (la route ayant été bloquée par les gigantesques murs) et la vue qu'elle offre est singulière. Nous avons ensuite été au musée Banksy, artiste ayant implanté un musée relatant l'implantation et la destruction par les forces Israéliennes sur le territoire Palestinien. Ce musée m'a indéniablement ouvert les yeux. On y voit des témoignages de soldats Israéliens racontant les horreurs qu'ils ont commis, accompagnés de mises en scène et explications des évènements survenus sur les territoires (et survenant encore à ce jour dans certains villages Palestiniens). Nous avons traversé un cimetière (jonché de capsules de gaz lacrymogène) avant d'arriver à un camp (maintenant véritable quartier) où des familles, leurs maisons ayant été détruites en 1948, peuvent venir habiter. Nous nous sommes finalement rendus à l'église de la nativité. 
Ce qui m'a le plus interpellé, c'est la manière dont tout ce qui s'est passé dans les territoires maintenant occupés est "caché". Dans l'enceinte de Jérusalem, on croise des centaines de soldats, semblable à ceux témoignant dans les vidéos. On peut, dans le quartier juif de Jérusalem, voir des panneaux de remerciements aux soldats et il nous est offert de prendre des photos à des stands prévus pour cela. Serions-nous arrivés par un bus Israélien prévu pour les touristes, nous n'aurions sans doute pas aussi bien vu le mur, enfermant les habitant et n'en laissant sortir que les ouvriers, la plupart travaillant dans la construction de colonies. 

Mur encerclant Bethlehem
Mur encerclant Bethlehem

 J'avais, au début de ma semaine, beaucoup de mal à prendre des gens en photos. Je ne savais pas comment m'y prendre et j'avais surtout peur que ces derniers me remarque. Au fur et à mesure que je maitrisais de mieux en mieux mes cadrages et réglages, j'ai réussi à capturer quelques moments et sortir de la photographie que je faisais d'habitude (cette dernière étant plutôt animalière ou jouant sur la géométrie des bâtiments). "Il n'y a pas de mal à faire des photos des gens tant qu'on le fait respectueusement. S’ils ne veulent pas, on salue et on arrête." Ayant effectué aussi une partie au Polaroid d'époque, j'ai dû m'ajuster à ce nouvel appareil et faire pas mal d'essais/erreurs. J'ai réalisé un total de 400 photos numériques mais il n'en ressort que très peu dont je suis fière. 

Esplanade des mosquées.
Esplanade des mosquées.

 Je ne pense pas qu'il y a beaucoup de points négatifs ressortant de cette semaine de stage. En effet, je n'ai jamais été très à l'aise dans les villes que je ne connais pas et les foules ont toujours été quelque chose qui me mettaient profondément mal à l'aise, mais j'ai réussi à mettre toutes ces choses de côté et ça a été une sorte de victoire personnelle. J'ai bien évidemment appris énormément de choses au niveau de la photographie, de la technique et de la rigueur que cela demande et ce séjour n'a fait qu'amplifier l'émerveillement que je possédais déjà pour cet art. C'est cependant humainement que cela a été le plus riche. Etant d'habitude plutôt réservée face à des personnes que je ne connais pas, j'ai également du sortir de mes habitudes étant constamment en contact avec des personnes de milieu tout à fait différent. En commençant par les soeurs, les bénévoles, les résidents de la maison de pèlerins avec qui nous partagions notre repas, les enfants du quartiers, les commerçants, les membres du clergés, les jeunes filles tenants le café auquel nous allions quotidiennement,... 

Monastère arménien.
Monastère arménien.

Cette expérience m'a finalement appris énormément sur la photographie, sur moi même, mais aussi sur le conflit Israélo/Palestinien. C'était un stage unique et j'en ressors grandie et ai gagné énormément d'expérience. J'ai aussi appris qu'il est très difficile d'obtenir une "bonne" photo. Il faut toujours faire attention à la lumière, faire attention au cadrage, que les sujets ne soient pas flous... mais le plus important, qui est encore plus dur à trouver, c'est faire une photo qui dégage quelque chose et reflète l'interprétation que l'on avait du lieu où de la personne à ce moment là.

 

 

 

texte et photo: Olga Struzik Pränting

Mur d'enceinte de Jerusalem.
Mur d'enceinte de Jerusalem.